A.Pérot/ZIPCNG
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V. Provost/Créneau RSTM Côte-Nord
ZIPCNG
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La plaine Checkley © ZIPCNG |
La plaine Checkley est une tourbière de 344 hectares située au nord-ouest de la Pointe-Noire, à l’angle de la route 138 et du chemin de la Pointe-Noire. Cette tourbière est une digne représentante du groupe des tourbières ombrotrophes du littoral nord-côtier.
Les tourbières sont des milieux humides généralement marquées par l’excès d’eau, le manque d’oxygène et l’acidité du milieu. Leur formation est déterminée par trois facteurs essentiels :
Ces écosystèmes particuliers se développent lorsque les apports d’eaux sont supérieurs à l’évapotranspiration des plantes, et que la matière organique s’accumule plus qu’elle ne se décompose. C’est ce qui génère la fameuse tourbe.
Au cours de leur très longue évolution, l’accumulation de la matière végétale devient telle qu’elle arrive à colmater les entrées et les sorties; l’eau de surface ne peut alors plus circuler. Ceci fait dévier les eaux de drainage, elles qui fournissaient jusqu’alors éléments nutritifs et oxygène. Progressivement, le milieu s’appauvrit et s’acidifie. C’est ce qu’on appelle l’ombrotrophication d’une tourbière. Lorsqu’une tourbière devient ombrotrophe, ses seuls apports en eaux et en éléments nutritifs proviennent des précipitations atmosphériques!
L’ombrotrophication affecte aussi la communauté végétale : au cours de l’entourbement, les racines des plantes pionnières se voient progressivement séparées du sol minéral. Les conditions changeantes deviennent aussi de plus en plus impropres à leur survie. Ceci provoque un remplacement graduel des espèces, et les sphaignes, des espèces de mousse alors favorisées, prennent le pas.
Les Sphaignes sont la clé du développement et du maintien des conditions acides des tourbières ombrotrophes, car ces plantes, dites « acidophiles », prospèrent lorsque le pH est faible et que le milieu est pauvre. En plus de favoriser le maintien de l’acidité, elles poussent par le haut et se décomposent par la base. La présence des sphaignes, prédominante dans la plaine Checkley, accentue donc l’accumulation du tapis de tourbe et limite la décomposition de la litière.
Drosera à feuilles rondes © A. Pérot/ ZIPCNG |
Les conditions acides, le manque d’oxygène et la pénurie d’éléments nutritifs sont des raisons pour lesquelles les tourbières ombrotrophes sont classées parmi les écosystèmes les plus pauvres de la planète. Mais, attention, « pauvre » est loin de signifier « sans valeur »! Ces conditions de vie particulières favorisent la présence de plantes qui développent des adaptations spectaculaires pour bien vivre dans ce milieu. Les plantes carnivores comme la sarracénie pourpre et le droséra à feuilles rondes en sont de bons exemples. Elles ont développé la capacité d’attirer, de capturer et de digérer les insectes pour pallier les déficits en éléments minéraux du sol tourbeux.
Les tourbières sont aussi un lieu de prédilection pour les oiseaux; dans bien des cas, elles accueillent des espèces qui sont souvent rares ailleurs. Tout comme la paruline à couronne rousse, certaines espèces d'oiseaux et de plantes se rencontrent presque uniquement dans les tourbières. La plaine Checkley ne fait pas exception en la matière, et serait possiblement fréquentée par le quiscale rouilleux, une espèce désignée préoccupante au Canada. Elle est aussi un milieu très convoité par plus d’une vingtaine d’autres espèces d’oiseaux migrateurs ou nicheurs, dont le canard noir, le canard pilet, la sarcelle d’hiver, le busard Saint-Martin, le garrot à œil d’or et le bruant des prés. Son lac de huit hectares est une formidable halte migratoire pour la sauvagine, qui s’y arrête en grand nombre.
Paruline à couronne rousse © C.Buidin |
En plus d’abriter de nombreuses espèces fauniques et floristiques spécialisées, les bienfaits des tourbières sont multiples. Par exemple, en accumulant la tourbe, ces écosystèmes emmagasinent d’importantes quantités de carbone. Elles sont ce qu’on appelle communément des puits de carbone. Les tourbières sont aussi de formidables régulateurs hydriques: en période de fortes précipitations ou de crues, elles arrivent à filtrer, ralentir et retenir une grande partie d’eau, diminuant les inondations, alors qu’en période sèche, elles peuvent relâcher cette même eau. La perturbation de ces habitats entraine donc une perte écologique non négligeable d’autant plus que la formation d’une tourbière peut prendre jusqu’à 10 000 ans!